J67 – Noël en mer

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Ce pourrait l’annonce aguicheuse d’une offre de croisière à bord d’un navire aux lignes confortables, mais au sein de la flottille, parmi les 10 rameurs qui restent ce soir encore sur l’océan, ces fêtes de Noël en solitaire à bord de leurs frêle embarcation auront une saveur aussi particulière qu’inattendue. A Dakar, on se profilait déjà dans ce moment de joie et de partage, à écouter les récits passionnés de nos rameurs émérites autour d’une dinde rôtie ou d’un chapon dodu. Cette succession de vents aléatoires et de courants tourmentés dès le premier jour de traversée aura rapidement bouleversé cette perspective et peu à peu préparé les esprits à ce Noël en solo. Englué depuis 48 h dans une pétole sans le moindre souffle, Harry qui avait pourtant repris des forces, s’est vu emporté par le puissant courant sud-équatorial sans rien pouvoir y opposer, passant au Nord des îles du Salut à plus de 40 milles de la ligne. Il aura fait sa traversée, comme tous les autres, sans compromis, avec ses moments de joies et ses abîmes de désespoir, déterminé à rallier l’Afrique aux Amériques. Le défi est en ce sens magnifiquement atteint. Bravo à lui et à tous ses proches qui l’ont soutenu sans jamais faillir même dans les moments les plus délicats.

Positions, vents et courants au 24 décembre

Positions, vents et courants au 24 décembre

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Nouvelles du 22 décembre

Rémy est dans un passage très difficile ces jours-ci, espérons qu’il en sorte bientôt et que ce soit le dernier. Le manque de vent et de courant l’empêche de progresser. La mer, particulièrement difficile en ce moment, est difficile à ramer lundi après-midi, et parfois même dangereuse.

En soirée du 22 décembre, ses 2 téléphones satellites étaient hors d’usage, ce qui signifie que nous n’allions plus avoir plus de nouvelles jusqu’à nouvel ordre,  mais c’est surtout une inquiétude supplémentaire pour Rémy pour les derniers jours de course. Comment gérer une éventuelle urgence ? En toute fin de soirée, Rémy nous contacte et nous rassure. Nous pouvons lui rappeler d’actionner une balise 2 fois par jour qui indique aux dirigeants de la course qu’il est bien sur son bateau et en forme.

Il semblerait que tous ces problèmes soient dus à une nouvelle remontée de la ZIC. Rémy a rencontré une forte activité orageuse qui est très probablement responsable de ses problèmes de communication.

Rémy s’apprête à passer Noël sur son bateau, les mauvaises conditions qu’il rencontre actuellement retardent de quelques jours sont arrivée à Cayenne. Nous espérons le voir arriver ce week-end ou en début de semaine prochaine.

J66 – Sur l’Atlantique, le rêve de gens simples

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Il est dans la vie d’un être humain des expériences qui transcendent l’existence et qui marquent durablement les consciences. Cette traversée seul(e) au milieu de l’océan constitue sans aucun doute l’une d’entre elles.  Tandis que 7 skippers sur les 18 au départ des côtes sénégalaises en octobre dernier savourent désormais le goût si particulier d’une vie de terrien retrouvée, 11 sont encore en mer et continuent de lutter contre des conditions aux nulles autres pareilles dans toute l’histoire de l’épreuve. Quelle est cette foi si forte qui leur permet de tenir alors que l’on serait mille fois tenté à leur place de déclencher la balise Argos pour mettre un terme à cette galère quotidienne et être rapidement rapatrié sur le continent ? Certains avaient un peu d’expérience de la navigation au large, d’autres pas du tout, mais ceux qui restent sont maintenant tous à égalité, à bord du même bateau, à quelques courants près. Il n’y aucune star parmi la flottille, juste des héros ordinaires qui nous surprennent chaque jour un peu plus par leur étonnante pugnacité, cette aventure atlantique constitue bien le rêve de gens simples mais l’océan leur a malgré tout réservé une configuration digne par sa complexité des plus grands marins.

Positions et courant au 23 décembre

Positions et courant au 23 décembre

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J65 – Réjouissances et contrariétés

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Peu de temps après Antonio de la Rosa, quatre nouveaux rameurs ont coupé la ligne d’arrivée sous les île du Salut. A l’initiative de Laurent qui en terminait avant l’aurore, cette arrivée relativement groupée est à l’image de la navigation serrée que ce groupe a observé tout au long de la traversée. Quelques heures après Laurent, Salomé, Richard et Jean-Pierre sont en effet arrivés très  proches les uns des autres. Les traits tirés, fatigués et amaigris, ils ont pu néanmoins fêter les réjouissances de ce moment magique avec une foule nombreuse venue les accueillir. Ils sont maintenant onze encore en mer.

Positions, vents et courants au 22 décembre

Positions, vents et courants au 22 décembre

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J64 – Joie et Tristesse

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

64 jours, 3 heures et 30 minutes, voilà le temps qu’il aura fallu pour que le 1er rameur couvre les 2146 milles (3975 km) – bien plus en réalité – de la traversée de l’Atlantique entre le Sénégal et la Guyane. La victoire est belle et l’espagnol Antonio de la Rosa ne doit ce succès qu’à sa détermination et à sa force morale qui lui auront permis de surmonter un à un tous les obstacles qui ont jalonné chaque mille de ce long parcours semé d’embûches. Dès le départ, il a laissé la côte derrière lui et n’a eu de cesse alors de partir en quête du grand Large malgré ces vents d’Est qui le repoussaient obstinément vers l’Afrique. Profitant de chaque opportunité, il aura su finalement trouver la bonne passe pour s’extirper de ce mauvais pas et filer parmi le groupe de tête qu’il ne quittera plus. Partisan de la route du Nord, il y a cru jusqu’au bout, poussant son cap le plus loin possible dans l’ouest afin de devancer ses adversaires à la faveur d’une bonne veine à travers ce maelström géant. Le pari fût risqué mais il y parvint brillement. Dès lors, avec une avance confortable, personne ne put revenir dans son sillage, son triomphe est amplement mérité. Si l’édition 2012 fut celle du gros temps, celle qui s’achève marquera durablement les esprits par sa durée, et ses nombreux rebondissements. Après le temps des craintes et de l’impatience quotidiennes, voici venu pour le madrilène celui des réjouissances et des plaisirs simples de la vie de terrien près des siens. Continuer la lecture

Nouvelles du 20 décembre

1962141_744748242283706_6437689974424742833_oUne fois de plus, la communication avec Rémy était malheureusement très mauvaise samedi lors de la vacation hebdomadaire au bar du palais. Nous avons pu l’avoir qu’une petite minute.

Rémy descend droit dans le sud sur les traces d’Antonio qu’on attend dimanche après midi. Comme d’habitude il est inquiet de ne pouvoir maintenir son cap et a peur de dériver à l’est dans la nuit. Il remercie tous ceux qui lui ont envoyé des messages tout au long de la traversée mais demande qu’on ne lui en envoie plus pour laisser son téléphone libre pour Mathieu son routeur, comme on l’avait fait en début de traversée. Encore un gros merci à vous de votre soutien.

La journée de samedi a été marquée par l’abandon forcé pour infection au pied d’Oliver Ducap, qui a été récupéré par un hélicoptère de la sécurité civile française. Il se trouve maintenant dans un hôpital à Cayenne où il est soigné. Plus d’informations sur sa récupération ici et . Continuer la lecture

J63 – 20 décembre 2014 : Rien est écrit à l’avance

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

L’impermanence de ces courants océaniques et la soudaineté de ces remontées de la Zone Intertropicale de Convergence (ZIC) sont difficilement compatibles avec l’idée d’une traversée réglée comme une horloge suisse. Avant de partir, les rameurs s’en doutaient un peu même si ils ambitionnaient secrètement d’égaler les temps de leurs pairs lors des trois précédentes éditions en 2006, 2009 et surtout 2012. A quelques jours près, le premier à couper à ligne de cette édition 2014 mettra presque le double de jours que le vainqueur de la précédente édition, qui passait la ligne de l’Enfant Perdu après 37 jours de mer. A n’en pas douter, cette traversée aura mis le coup de grâce à toutes les certitudes et aux éventuels paradigmes qui pouvaient auréoler ce type d’aventure. Et c’est tant mieux ! Cela nous rappelle en effet notre condition d’être humain, nécessairement humble face à un élément aussi vaste et  imprévisible que l’océan. L’épopée vécue par ces 16 femmes et hommes depuis plus de deux mois à présent brise en éclats cette banalisation que les récits trop contemporains ont fini par distiller dans l’opinion, laissant croire à tort qu’il suffit d’avoir envie pour se lancer, que les vents et les courants feront le reste, qu’il ne peut en être autrement. Au milieu de nulle part, coincé entre deux hémisphères, rien est écrit à l’avance. Pas même à quelques heures du dénouement. Continuer la lecture

J62 – Une aventure à 360°

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Ce soir, le premier rameur se situe à moins de 100 milles (180 km) de la ligne d’arrivée sous les îles du Salut. Antonio de la Rosa pourrait couper le ruban dans la journée de dimanche, devenant ainsi le premier espagnol à remporter cette épreuve de la traversée de l’Atlantique à la rame « Rames – Guyane ». Un exploit d’autant plus mémorable lorsque l’on sait ce que les skippers de cette édition ont dû endurer tout au long de leur interminable périple. Compétiteur de la première heure, il se sera battu dès le début de course sans jamais rien lâcher, occupant le groupe de tête quasiment depuis le départ. Fin stratège, il aura su négocier au mieux le passage de cette zone éminemment tourmentée par un maelström géant pour devancer ses principaux rivaux. Tandis que le reste de la flottille préférait une option Sud plus sûre, il tentait lui de filer tout droit à travers cette veine au risque d’être emporté trop au Nord. Mais grâce à des vents de Nord-Est revenus sur zone, il est parvenu à franchir ce dernier obstacle quasiment sans modifier son cap, ce qui lui procurait alors une confortable avance sur ses poursuivants les plus immédiats, Olivier D. au Sud-Est et Laurent à l’Est. Avec un stock de vivres au plus bas, comme de nombreux autres rameurs à présent, il se dit pressé d’arriver et de terminer de la plus belle manière qui soit cette belle aventure.

Positions, vents et courants au 19 décembre

Positions, vents et courants au 19 décembre

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Vacation du 18 décembre

Le départ de la course a été donné il y a deux mois jour pour jour, c’était le 18 octobre à Dakar. Personne n’imaginait que l’édition 2014 de Rames Guyane durerait aussi longtemps, pourtant deux mois plus tard, aucun des skippers engagés dans la course n’a touché terre en Guyane. C’est long. Très long. Peut-être un peu trop long.

Rémy nous raconte dans la vacation du jour avoir passé hier son plus mauvais jour depuis le départ. Une vague s’est une nouvelle fois invitée à l’intérieur du bateau en pleine nuit, mouillant tout l’intérieur de son embarcation. Les conditions météo difficiles complétées par la fatigue physique et morale ont déclenché une petite crise de nerfs. Aujourd’hui, après une meilleure nuit, tout semble aller bien mieux, ce petit incident de parcours sera oublié dans les jours qui viennent.

Rémy s’apprête maintenant à négocier la traversée de cette fameuse veine de courants défavorables, la route sera ensuite dégagée vers la ligne d’arrivée de la course.

 

J61 – Des pointes à près de 5 nœuds

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Antonio de la Rosa, le rameur madrilène conserve la tête de la course et se dirigerait vers une possible victoire, mais sa trace inquiète nombre d’analystes qui le voient emporté par la puissante veine du courant sud-équatorial qui le pousse vers le Nord et qui pourrait l’empêcher de franchir la ligne d’arrivée. Toutefois, ne s’agirait-il pas plutôt d’une fine stratégie de la part de cet aventurier aguerri ? Celle-ci viserait à profiter le plus longtemps possible des faveurs de ce courant avant de plonger dans la zone qui précède l’arrivée où les courants paraissent moins forts. Pour l’instant, il se trouve encore au sud de la latitude des îles du Salut et a maintenant atteint l’autre côté de la veine dont il a quitté le flux principal. Il s’est donc extirpé en grande partie du risque de dériver au Nord à moins de subir un nouveau souffle de Sud-Est à la faveur d’une énième remontée de la ZIC. Le paradoxe de cette aventure réside dans sa capacité à nous surprendre chaque heure en dépit de la vitesse très lente de ces bateaux.

Positions, vents et courants au 18 décembre

Positions, vents et courants au 18 décembre

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