Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
Ce pourrait l’annonce aguicheuse d’une offre de croisière à bord d’un navire aux lignes confortables, mais au sein de la flottille, parmi les 10 rameurs qui restent ce soir encore sur l’océan, ces fêtes de Noël en solitaire à bord de leurs frêle embarcation auront une saveur aussi particulière qu’inattendue. A Dakar, on se profilait déjà dans ce moment de joie et de partage, à écouter les récits passionnés de nos rameurs émérites autour d’une dinde rôtie ou d’un chapon dodu. Cette succession de vents aléatoires et de courants tourmentés dès le premier jour de traversée aura rapidement bouleversé cette perspective et peu à peu préparé les esprits à ce Noël en solo. Englué depuis 48 h dans une pétole sans le moindre souffle, Harry qui avait pourtant repris des forces, s’est vu emporté par le puissant courant sud-équatorial sans rien pouvoir y opposer, passant au Nord des îles du Salut à plus de 40 milles de la ligne. Il aura fait sa traversée, comme tous les autres, sans compromis, avec ses moments de joies et ses abîmes de désespoir, déterminé à rallier l’Afrique aux Amériques. Le défi est en ce sens magnifiquement atteint. Bravo à lui et à tous ses proches qui l’ont soutenu sans jamais faillir même dans les moments les plus délicats.