Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
En assistant impuissants au calvaire des rameurs qui restent en mer, on se demande bien comment les marins d’autrefois pouvaient-ils atteindre à bord de leurs navires peu rapides les côtes de l’Amazone et de la Guyane. Si Philippe Malapert semble sorti d’affaire avec la ligne d’arrivée quasiment en ligne de mire, il n’en est pas de même pour tous les autres skippers au Large. Seul Didier Torre est en capacité de tirer le meilleur parti du courant sud-équatorial grâce à une arrivée sur le Cap Orange par une route très au Sud. A moins de 150 milles de l’objectif, Rémy Landier remonte lui un peu trop au Nord. Une puissante veine de courants, peu marquée sur les cartes Mercator, l’emporte actuellement dans le Nord-Ouest à des vitesses supérieures à 3 nœuds. Ce flux se trouve renforcé par des vents repassés au Sud-Est qui compliquent considérablement la tâche. Le rameur aptésien espère que le basculement des vents annoncé va réellement se produire et lui permettre d’infléchir son cap pour reprendre à nouveau la route des îles du Salut. Dans le cas contraire, le danger de dépasser la ligne par le Large est bien réel. Pour lui apporter tous les éléments, son équipe tente de communiquer avec lui mais le service Geolink Iridium qui lui permet de téléphoner par satellite est défaillant et ne permet pas de tenir des communications d’une durée supérieure à quelques secondes. Ce problème pour lequel le prestataire a été sollicité, pour l’instant en vain, complique de plus en plus les échanges à un moment pourtant crucial. Les sources météo disponibles sont celles des fichiers « GRIB » mais aussi des modèles de Météo France (Arpège et CEP – centre européen de prévision). Tous ces outils convergent vers un contexte de vents d’Est-Nord-Est dominants de 15 à 20 nœuds dès demain et pour plusieurs jours. Cela signifierait la possibilité de changer de cap mais après toutes les déconvenues météorologiques depuis le début de la traversée, Rémy comme son équipe se montrent désormais très prudents, voire même dubitatifs.
Au Nord, Gérard Marie subit lui aussi ces vents de Sud-Est qui l’ont repoussé aujourd’hui de l’autre côté de l’orthodromie. Le basculement des vents serait providentiel d’autant plus qu’il s’apprête à traverser la fameuse zone de courants traversiers à l’intérieur de laquelle il ne souhaite pas être emporté à l’Est comme Olivier Montiel et Patrice Charlet (alias Mac Coy). Ce dernier a accepté la remorque du voilier « Le Béru » dont le skipper, Vianney, a pris la route du Sud-Ouest pour sortir de cet infernale zone de courants défavorables. Il devrait croiser Olivier dans une quinzaine d’heures afin de s’assurer que la situation du rameur ardéchois demeure supportable. Pour Olivier, même si celui-ci dispose de vivres en quantité suffisante, il ne faudrait pas que cette situation ne s’éternise trop longtemps. Bien au-delà de l’espoir que cette perspective suscite, le retour de ces vents d’Est-Nord-Est pourrait même constituer la condition de son maintien dans l’épreuve.
Au Sud, Mathieu Martin poursuit sa route presque tranquillement en dépit d’une envie de plus en plus pressante d’en terminer avec ce voyage désormais trop long pour continuer à apporter du plaisir. Quant à Patrice Maciel, ce dernier vient de passer sous la barre des 700 milles de distance le séparant encore de la ligne d’arrivée. Sa route est désormais très correcte et il semble avoir rejoint à son tour les faveurs du grand courant du Sud.
ça l’fait ; ça l’fait plus ; ça risque de l’refaire !
Incroyable… cette traversée avec les espoirs, les découragements, l’enthousiasme suivi de coups de déprime.
Bravo à tous pour le courage, la persévérance, voire une certaine philosophie face aux éléments. Et oui, en mer comme en montagne, dame Nature est toujours plus forte.
Tous les terriens dont je fais décidément bien partie vous saluent bien.
Merci à Mathieu pour ses analyses toujours claires.
A bientôt MARIN ; On boira un bon coup en mangeant les lasagnes de la Maison Pina.
Les Métraux