Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
64 jours, 3 heures et 30 minutes, voilà le temps qu’il aura fallu pour que le 1er rameur couvre les 2146 milles (3975 km) – bien plus en réalité – de la traversée de l’Atlantique entre le Sénégal et la Guyane. La victoire est belle et l’espagnol Antonio de la Rosa ne doit ce succès qu’à sa détermination et à sa force morale qui lui auront permis de surmonter un à un tous les obstacles qui ont jalonné chaque mille de ce long parcours semé d’embûches. Dès le départ, il a laissé la côte derrière lui et n’a eu de cesse alors de partir en quête du grand Large malgré ces vents d’Est qui le repoussaient obstinément vers l’Afrique. Profitant de chaque opportunité, il aura su finalement trouver la bonne passe pour s’extirper de ce mauvais pas et filer parmi le groupe de tête qu’il ne quittera plus. Partisan de la route du Nord, il y a cru jusqu’au bout, poussant son cap le plus loin possible dans l’ouest afin de devancer ses adversaires à la faveur d’une bonne veine à travers ce maelström géant. Le pari fût risqué mais il y parvint brillement. Dès lors, avec une avance confortable, personne ne put revenir dans son sillage, son triomphe est amplement mérité. Si l’édition 2012 fut celle du gros temps, celle qui s’achève marquera durablement les esprits par sa durée, et ses nombreux rebondissements. Après le temps des craintes et de l’impatience quotidiennes, voici venu pour le madrilène celui des réjouissances et des plaisirs simples de la vie de terrien près des siens.
Mais cette joie immense du vainqueur s’accompagne malheureusement de la tristesse d’un autre rameur émérite qui à quelques encablures seulement de l’arrivée, aura dû mettre un terme brutal à sa traversée en raison d’une mauvaise phlébite au pied. Avec un courage hors normes, Olivier Ducap aura tenté d’aller jusqu’au bout mais après un diagnostic à distance, les médecins ont préféré procédé à son évacuation tant les signes décrits par le rameur étaient inquiétants. Hélitreuillé hier en milieu d’après-midi, il se trouve maintenant en sécurité à l’hôpital de Cayenne en compagnie de ses proches. Un grand bravo aux services de secours et aux médecins dont la clairvoyance aura sans doute permis d’éviter de lourdes complications pour Olivier. Toute la communauté de Rames-Guyane lui souhaite un prompt rétablissement.
Ce soir à 18 h (HF), il reste quinze bateaux en mer distants de 50 à 850 milles de la ligne d’arrivée. Dans le sillage d’Antonio, un groupe de quatre rameurs dont une femme se disputent âprement le podium. Laurent conserve quelques milles d’avance et pourrait s’emparer de la seconde place mais Jean-Pierre, Salomé et Richard n’ont pas encore dit leur dernier mot. Leur arrivée est prévue demain lundi dans la journée.
Derrière, c’est en solitaire que Harry termine son périple. Ravitaillé par le voilier Béru, il a pu reprendre des forces et a tenu absolument à finir la traversée à l’aviron, une vraie leçon de courage après les heures terribles sans rien à manger qu’il a dû endurer au sud du courant traversier. Il est suivi par le groupe de sudistes mené par Catherine avec Olivier B. et Philippe qui profitent à fond des faveurs du courant sud-équatorial. Au Nord, c’est Rémy qui s’en approche rapidement et qui pourrait bien s’en mêler, tout comme ses deux comparses Patrice C (alias Mac Coy) et Olivier M. qui observent exactement la même trajectoire ; la seule qui semble permettre de se faufiler dans cette zone éminemment complexe. Tout ce petit monde sera-t-il arrivé pour Noël ? Même si des vents forts d’Est-Nord-Est sont enfin de retour sur zone, c’est peu probable car la route est encore longue et les courants aléatoires. Mais tous ces marins le savent et se sont résignés depuis déjà longtemps à passer ce réveillon en mer. Leur franchissement de la ligne d’arrivée n’en sera que plus savoureux.
C’est aussi le cas de Didier, Mathieu, Patrice et Gérard qui ont encore des distances importantes à parcourir. Chaque jour, l’échéance se rapproche mais il leur faudra probablement patienter jusqu’en 2015 pour atteindre à leur tour les côtes de Guyane. Le chemin est long et reste incertain, continuons de les encourager de toutes nos forces.
GOOD LUCK pour cette dernière ligne droite !!!
Nous te suivons jour après jour…
Nous attendons ton arrivée avec impatience.
COURAGE !
Gros bisous des marmottes.
L’arrivée est proche, toutes rames dehors!
Ce « voyage est un retour vers l’essentiel ». Courage.
une pensée parisienne
Christelle
Courage Remy, tu passes la dernière porte et le schuss d’arrivée est devant toi. Nous suivons tes hauts et tes bas depuis le premier jour et à cet instant où tu te rapproches de Cayenne nous ne trouvons pas les mots pour te signifier notre admiration.
A bientôt dans le Luberon.
On t’embrasse bien fort
Jean-Michel et Yolande