Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
Conservant la tête de la course malgré la remontée de ses poursuivants, Jean Pierre vient de franchir la ligne de la moitié de la distance à parcourir. Cette ligne se trouve à 1073 milles de l’arrivée.
La notion de moitié de parcours revêt cette année une signification ambigüe car la notion d’espace et de distance est en décalage avec celle du temps et de la durée de la traversée. En raison des péripéties qui ont marqué le début de l’épreuve, la flottille a en effet perdu beaucoup de temps au départ au point qu’il soit difficile à présent de corréler durée et distance. Il est probable – et souhaitable – que la seconde partie de la traversée soit beaucoup plus courte en durée que la première. Pour autant, le passage de cette ligne symbolique représente pour les skippers un moment important pour le moral. A partir de là, on a l’impression que le chemin qui reste à parcourir ne fait plus que descendre, comme si on venait de franchir un col.
Pour prendre la mesure du caractère très particulier de cette édition 2014, on peut aussi constater qu’après 37 jours de mer, Jean-Pierre vient juste de franchir la moitié de la distance, alors qu’en 2012, Pascal Vaudé franchissait la ligne d’arrivée dans la même durée. Certes, la comparaison entre deux traversées n’est pas forcément opportune, mais l’écart est tout de même cette année assez significatif pour être remarqué. Cela permet de mieux comprendre les inquiétudes relatives à l’autonomie des skippers en termes de vivres embarquées à bord.
Les estimations proposées par Pierre Verdu pour chaque skipper sont en ce sens très précieuses car elles permettent de connaître de manière objective le nombre de jours que les rameurs devront encore passer à bord avant de poser le pied à terre. Entre le premier et le dernier, les calculs permettent d’anticiper une fourchette comprise entre 55 et 71 jours de traversée. En fondant leur préparation sur l’expérience des précédentes éditions, les skippers avaient prévu entre 40 et 60 jours d’autonomie selon leurs ambitions respectives en matière de classement.
Par ailleurs, compte-tenu de la configuration des courants devant les côtes brésiliennes, puis guyanaises, on sait d’ores et déjà que les jours qui précéderont l’arrivée seront mouvementés sans que l’on puisse dire si cela favorisera ou au contraire ralentira la progression des bateaux. Certes, le courant sud-équatorial reste très porteur en fin de parcours mais il est cette année plaqué à la côte et précédé au large de courants contraires qu’il faudra traverser. A la moitié du voyage, nous restons donc en proie à de nombreuses incertitudes qui font de cette traversée une aventure passionnante mais difficile à gérer nerveusement tant pour les marins que pour ceux qui les suivent.
S’agissant de Rémy Landier (n°84) et d’Olivier Montiel (n°7), les deux rameurs ont tous deux repris une progression correcte au cours des dernières heures, quasiment à la même vitesse. Rémy a pu nettoyer sa coque malgré la houle formée et les visites parfois envahissantes de la faune locale. Olivier, au grand soulagement de toute son équipe, a vu ses douleurs à l’omoplate s’estomper, ce qui lui a permis de reprendre une progression très satisfaisante en suivant un cap parfait vers l’ouest.
Nombre d’observateurs s’interrogent sur les clefs de lecture du tableau de prévision proposé par Pierre Verdu. Afin d’en faciliter l’utilisation, voici les extraits concernant précisément Rémy dont les lignes ont été isolées et les 34 premiers jours retirés. Les estimations des jours à venir se basent sur la distance parcourue au cours des dernières 24 h ainsi que sur la contribution des courants favorables lorsque les rameurs s’en rapprocheront en se référant aux données relevées lors des éditions précédentes.
- 1ère ligne : A ce jour, 24 novembre, Rémy se trouve à 35,9 milles (ligne en rouge) du skipper qui le précède directement, à savoir Catherine Barroy.
- 2nde ligne : Il lui reste 1380,9 milles (2557,4 km) à parcourir.
- 3ème ligne : Il a couvert une distance de 33 milles (61,1 km) au cours des dernières 24 h.
- 4ème ligne : sa vitesse moyenne est de 1,38 nœuds (2,55 km/h) au cours des dernières 24 h.
- 5ème ligne : Rémy est en 10ème position
Sous réserve de nouvelles évolutions, son arrivée est estimée par ce mode de calcul au 20 décembre.
t’es un bon REMI. vas y on compte sur toi!! Merci pour ton courage et l’exemple que tu donnes !!!