Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
L’état de la mer rencontrée par les rameurs depuis quelques jours est complètement différent de ce qu’ils auront vécu au cours du premier mois de navigation. Ils sont chahutés par une bonne houle et doivent redoubler de vigilance pour ne pas endommager leur avirons ou se faire déséquilibrer par une déferlante qu’ils n’auraient pas vu venir. Pour autant, sous des vents de moins de 20 nœuds en dehors des grains, les conditions restent acceptables et la flottille semble globalement s’être bien amarinée à ces conditions plus musclées.
D’autre part, si cette houle sollicite une plus grande attention de la part des skippers, elle permet aussi d’augmenter sensiblement la vitesse de progression. Le tableau de Pierre Verdu révèle maintenant de bonnes distances parcourues chaque jour par la plupart des rameurs. La capacité de s’accoutumer à une mer formée et aux risques que cela engendre à bord de telles embarcations reste propre à chacun, certains adoptent cette situation comme une aubaine qu’ils exploitent au maximum sans ressentir aucune appréhension, d’autres le supportent moins bien et mettent plus de temps à trouver leurs marques. Mais après quelques jours, les repères sont bien là et chacun parvient à trouver les techniques pour naviguer au mieux dans cette houle mouvementée.
Comme Rémy, Gérard se dit chahuté par une forte houle mais apprend chaque jour à anticiper un peu mieux les comportements se son bateau. Olivier M., qui a repris une très bonne progression suite à la résorption de ses douleurs scapulaires, parvient même à optimiser le passage de son bateau dans les vagues au point se s’en faire une activité presque ludique. Salomé, qui vient juste de passer au-dessus de la ligne de l’orthodromie, optimise ses réglages pour garder le contact avec ses trois voisins immédiats et surtout pour continuer sa remontée sur l’homme en tête.
Jean-Pierre, qui doit justement les sentir se rapprocher dans son sillage, a décidé de s’extirper de son confortable statut de leader pour passer en « mode guerrier » et reprendre de l’avance. La bagarre entre ceux-là promet d’être passionnante.
Un peu plus en arrière, portés désormais par les même conditions, Patrice C. (alias Mac Coy) a rencontré Philippe Malapert en plein milieu de l’océan, une rencontre rare et toujours étonnante . Ils ont tenté de se rapprocher pour échanger quelques victuailles mais la houle ne leur a pas permis ce contact en raison du risque de choc et de dommages aux bateaux. Patrice peut néanmoins se consoler grâce à la générosité de l’océan qui, à la faveur d’une déferlante, lui a rempli le cockpit en y laissant une bonite providentielle et idéale pour changer son ordinaire. Plus au sud, Olivier Bernard se régale de ses rencontres insolites, d’abord un dauphin solitaire venu se coller à sa coque, puis un énorme cachalot et enfin un requin aux mensurations inquiétantes en pleine chasse à la carangue, de quoi le décourager pour quelques jours au moins d’aller à l’eau nettoyer sa coque.
Quant à Didier Torre enfin, qui ne perd ni sa bonne humeur, ni sa foi en son option pour le grand sud, il nous relate l’appel peu courtois de son banquier et en appelle à la générosité de tous. Un message plein d’humour que nous relayons volontiers : voir sur www.defirameatlantique.com (rubrique « Emile Notic »)