Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
A bord, heureux sont ceux qui parviennent à trouver un vrai sommeil réparateur et à faire de leurs nuits un pur moment de quiétude où l’anxiété du lendemain s’éloigne le temps d’un rêve. Pour ceux-là et pour les autres, il est un moment particulier dans le quotidien des rameurs, lorsqu’il s’agit le matin de s’extirper du havre spartiate mais protecteur de son habitacle pour aller se coller à une nouvelle journée de rames dans un cockpit exposé aux embruns et largement ouvert sur ce monde aussi fascinant qu’inquiétant. Secrètement, on espère alors silencieusement pendant ces quelques minutes trouver dehors de bonnes conditions, celles qui permettront d’aller plus vite et de se rapprocher inexorablement des îles du Salut encore lointaines. Le GPS et éventuellement le compas d’intérieur donnent le ton, confirmant ou infirmant le ressenti aux mouvements du bateau. Parfois, tangage et roulis ne permettent pas de définir dans ce court moment le sens de son déplacement, il faut alors se résoudre à s’équiper et à y aller avec l’espoir que les premiers instants où la peau capte le sens du vent et les embruns de la houle ne soient pas un nouvel océan de déception.
Il se pourrait que cet abattement matinal ne soit plus bientôt qu’un mauvais souvenir, que les forces de l’Atlantique, vents, courants et houles finissent enfin par s’accorder dans le sens des rameurs et dans celui des pilot charts, immensément plus conciliantes que la réalité perturbée de cette saison. Cette mer croisée que nombre d’entre eux rencontrent encore va-t-elle disparaître au profit de cette houle d’Est-Nord-Est longue et fluide promise et tant désirée. Nous autres routeurs aimerions annoncer l’imminence de ce graal aux rameurs mais nous ne disposons pas encore à ce jour des éléments qui nous le permettraient.
Même si les conditions s’améliorent en effet timidement par le Nord, et même si la carte des vents est restée 30 jours durant favorables à l’Ouest de la zone, rien ne garantit que cette situation se maintienne. L’océan n’a rien d’un monde figé, il évolue en permanence, les forces qui l’animent s’entrechoquent et se frictionnent à la faveur de chocs thermiques permanents ainsi que le montrent la carte des courants ci-dessous.
Ce document confirme le caractère particulièrement tourmenté du courant sud équatorial cette année avec ces excroissances qui s’étendent loin au large tels des thalwegs dans le sens contraire du flux principal mais avec la même intensité. Ces longs couloirs sinueux barrent littéralement le cap des rameurs et vont au mieux à la perpendiculaire, au pire à l’opposé de la route des rameurs. La question essentielle réside évidemment dans l’influence que peuvent avoir ces courants sur les bateaux de nos rameurs. Peuvent-ils avec l’aide d’un vent bien établi faire face à ce type de courant ? La seule façon de le savoir est d’attendre que les premiers rencontrent ces zones et d’observer leur évolution. Pour l’instant, il semble que la majorité de la flottille ait opté pour le choix d’un contournement de l’obstacle par le Nord pour ensuite abattre au Sud-Ouest et traverser la zone par la perpendiculaire afin de rejoindre la veine la plus favorable aujourd’hui plaquée à la côte. A la vitesse où vont les skippers aux avant-postes, une petite quinzaine de jours nous sépare encore de ce point de contact.
Rémy Landier (n°84) et Olivier Montiel (n°7) suivent eux aussi cette route du Nord en tentant encore et toujours de serrer l’Ouest malgré ce vent désormais fort mais orienté davantage au Nord-Est qu’à l’Est Nord Est. Il leur faut tenir ce cap pour ne pas trop descendre au sud. Ils flirtent avec les passages pluvieux qui couvrent toute la zone au sud de leurs positions et reçoivent donc quelques averses mais cette eau douce leur est providentielle. Malgré quelques soucis techniques pour Rémy (dérive) et physiques pour Olivier (Omoplate), le moral est bon et ils surmontent plutôt bien ce très net renforcement des conditions météorologiques.
qu’est qui fait le charme… de cette aventure, ou la difficulté? le courant, le vent, le bateau ou le bonhomme/femme? je suis pris dans ce tourbillon! je suis au chaud à la maison dans mon canapé, et j’essaye de vous imaginer… non, je ne peux pas, j’aimerai bien être avec vous un instant pour essayer de sentir, après je vous laisse en solitaire, admiration et respect, que la force soit en vous!
Bonjour Rémy,
MERCI pour tes mots, écouter tes vacations nous rapproche un peu de toi.
Merci pour tous les enfants malades.
A la piscine d’Apt cette année, Lionel a proposé d’organiser les 24 heures de natation.
Ce sera pour le téléthon, les 6 et 7 décembre prochain. Il tentera d’aligner 1000 longueurs dans la piscine que tu connais bien.
Nous le soutiendrons à notre façon. Ce n’est pas la traversée de l’Atlantique loin de là mais c’est déjà un petit défi en soi. Les entrées seront reversées au Téléthon, une manière pour nous de soutenir les enfants malades. De grosses bises. Et même si je l’ai déjà écrit : tchembé red pa moli Rémy ! Les lutz