J40 – Le temps qui se perd et qui s’éternise

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

En fin d’après-midi ce jeudi 27 novembre 2014, pas moins de 6 coureurs positionnés au-delà du 34ème méridien marchaient à plus de 3 nœuds avec une pointe à 3,6 nœuds pour Olivier B., lui pour qui tout va bien à bord et qui trouve le temps de taquiner la dorade et de s’offrir des crêpes au beau milieu de l’océan. Plus ils sont à l’ouest, plus les rameurs marchent vite et droit. A cette vitesse, leur prévision d’arrivée pourrait être avancée.

Pourtant, on sent comme un vague à l’âme s’immiscer dans la flottille, la traversée devient de plus en plus instable et les rameurs qui le mesurent encore commencent à perdre le fil du temps et à ressentir le poids de la solitude et de l’isolement. Il y a bien sûr ces allers et venues imprévisibles de la ZIC ou encore ces contre courants qui se manifestent de manière plus intense comme pour Catherine qui les subit et qui peine à régler au mieux son bateau. Mais il y a surtout cet univers de plus en plus changeant et gris, alternance d’éclaircies et de vastes périodes sombres et ombragées accompagnées de grains parfois violents comme celui subi la nuit dernière par Mathieu Martin calé plusieurs heures durant dans l’obscurité au fond de son bateau en attendant qu’une vague plus grosse et plus creuse que les autres ne vienne retourner son bateau. Il n’en fut rien mais l’appréhension atteint son zénith dans ces situations de stress solitaire, la nuit blanche et moite alimente tout un flot d’idées noires qui dévorent le corps et l’esprit. Les rameurs en ont rêvé, ils sont maintenant au cœur du sujet, seuls au milieu de nulle part, brassés par des forces incommensurables. Continuer la lecture

Des photos du large

20141110remy06Quelques images de Rémy au large nous sont enfin parvenues. Elles ont été prises par Jody Amiet, photographe de l’organisation de la course, depuis le catamaran Guyavoile lorsqu’il a rendu visite à Rémy le 10 novembre dernier. Merci à lui et à l’ensemble de l’équipe d’organisation pour ces clichés de Rémy qui sont malheureusement pour nous très rares.

Ces photos nous permettent d’ailleurs de constater que Rémy n’a pas dû beaucoup user les lames de son rasoir depuis le départ. Continuer la lecture

J39 – Au cœur de la zone humide

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Alors que la flottille semblait enfin ces jours derniers emportée à grande vitesse vers les Amériques, voilà hier que la ZIC a littéralement stoppé les rameurs dans leur élan, leur arrachant jusqu’à 30 milles sur leur progression de la veille. Ce phénomène illustré sur la carte ci-dessous a connu un épisode de poussée vers le nord et devrait s’estomper à partir de demain jeudi. La météo annonce la fin des passages de grains et des fortes pluies qui y sont associées, au moins pour le nord de la zone.

Positions et précipitations

Positions et précipitations

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J38 – De belles progressions pour la St Catherine

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Hier soir, nous annoncions aux rameurs des vents d’Est-Nord-Est (dans un secteur compris entre 60° et 75° selon les positions) sur toute la zone. Pourtant, à l’aurore, la surprise fut de taille pour certains skippers de lire sur leurs GPS un déplacement vers le Nord-Ouest, eux qui la veille au soir, sous un vent bien établi au Nord-Est, étaient persuadés de perdre vers le sud dans la nuit. La lecture de la carte des positions ce matin confirmait cette dérive inattendue. Que se passait-il ? Pour répondre à cette question, souvenons-nous de l’épisode du 4 novembre dernier au cours duquel le même phénomène se produisit. Il semble qu’il s’agisse à nouveau d’une remontée de la zone intertropicale de convergence, cette fameuse ZIC à l’humeur orageuse.

Carte

Source : http://www.opc.ncep.noaa.gov/UA/Atl_Tropics.gif

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Vacation du 24 novembre

Dans la vacation du jour Rémy nous raconte qu’il va devoir procéder plus fréquemment au nettoyage de sa coque même si c’est une opération qu’il n’affectionne particulièrement pas. Il rencontre maintenant une mer assez formée et évite de partir trop vers le sud.

Il en profite également pour remercier tous ceux qui l’encouragent et le soutiennent. Vous êtes son moteur, notamment dans les moments difficiles.

 

J37 – La ligne de la moitié franchie par le premier rameur

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Conservant la tête de la course malgré la remontée de ses poursuivants, Jean Pierre vient de franchir la ligne de la moitié de la distance à parcourir. Cette ligne se trouve à 1073 milles de l’arrivée.

La notion de moitié de parcours revêt cette année une signification ambigüe car la notion d’espace et de distance est en décalage avec celle du temps et de la durée de la traversée. En raison des péripéties qui ont marqué le début de l’épreuve, la flottille a en effet perdu beaucoup de temps au départ au point qu’il soit difficile à présent de corréler durée et distance. Il est probable – et souhaitable – que la seconde partie de la traversée soit beaucoup plus courte en durée que la première. Pour autant, le passage de cette ligne symbolique représente pour les skippers un moment important pour le moral. A partir de là, on a l’impression que le chemin qui reste à parcourir ne fait plus que descendre, comme si on venait de franchir un col.

Positions au 24 novembre

Positions au 24 novembre

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Nouvelles du 23 novembre

Hier à 12h30 au bar du palais nous avons pu entendre Rémy. Vous étiez très nombreux au rendez-vous. Merci à tous.

La communication n’a pas été facile et il a dû rappeler à plusieurs reprises. Son moral n’était pas parfait. Le chemin est long et difficile mais il n’en sera que plus beau. Il nous a parlé de Clara et nous a dit combien il avait été heureux de pouvoir discuter avec elle ! Une grande amitié est en train de naître !!!

Hier soir son moral était meilleur mais la journée d’aujourd’hui a été difficile pour lui et pour les siens restés à terre. Cette satanée vitesse ne voulait pas s’accélérer ! Mais que se passait-il ? Après beaucoup d’appréhension (une mer formée et des rencontres possibles et inquiétantes autour de son bateau) il s’est enfin décidé à descendre à l’eau nettoyer sa coque qui en avait bien besoin ! Puis, après de nouveaux réglages de sa dérive, il semble qu’enfin la vitesse du petit bateau jaune s’est accélérée. Ce soir, son moral était à nouveau bon !

J36 – Des rameurs chahutés par une forte houle

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

L’état de la mer rencontrée par les rameurs depuis quelques jours est complètement différent de ce qu’ils auront vécu au cours du premier mois de navigation. Ils sont chahutés par une bonne houle et doivent redoubler de vigilance pour ne pas endommager leur avirons ou se faire déséquilibrer par une déferlante qu’ils n’auraient pas vu venir. Pour autant, sous des vents de moins de 20 nœuds en dehors des grains, les conditions restent acceptables et la flottille semble globalement s’être bien amarinée à ces conditions plus musclées.

Positions, vents et précipitations

Positions, vents et précipitations

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J35 – De meilleures conditions mais pas encore le Graal

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

A bord, heureux sont ceux qui parviennent à trouver un vrai sommeil réparateur et à faire de leurs nuits un pur moment de quiétude où l’anxiété du lendemain s’éloigne le temps d’un rêve. Pour ceux-là et pour les autres, il est un moment particulier dans le quotidien des rameurs, lorsqu’il s’agit le matin de s’extirper du havre spartiate mais protecteur de son habitacle pour aller se coller à une nouvelle journée de rames dans un cockpit exposé aux embruns et largement ouvert sur ce monde aussi fascinant qu’inquiétant. Secrètement, on espère alors silencieusement pendant ces quelques minutes trouver dehors de bonnes conditions, celles qui permettront d’aller plus vite et de se rapprocher inexorablement des îles du Salut encore lointaines. Le GPS et éventuellement le compas d’intérieur donnent le ton, confirmant ou infirmant le ressenti aux mouvements du bateau. Parfois, tangage et roulis ne permettent pas de définir dans ce court moment le sens de son déplacement, il faut alors se résoudre à s’équiper et à y aller avec l’espoir que les premiers instants où la peau capte le sens du vent et les embruns de la houle ne soient pas un nouvel océan de déception. Continuer la lecture

Vacation du 21 novembre

Malgré les difficultés techniques que Rémy rencontre en ce moment avec son téléphone satellitaire, il est parvenu à faire une vacation presque normale.

Il nous explique qu’il a enfin rejoint une zone où soufflent les Alizés. Sa vitesse est plus grande mais la mer est plus formée.

Le maître mot de cette vacation est « ensemble ». Ensemble avec Clara qui traverse elle aussi la maladie vers la guérison, ensemble avec les autres concurrents qui ont tous pour but d’arriver à Cayenne, ensemble dans bien d’autres circonstances. Rémy conclue par : « ensemble on est plus forts ».