J24 – Des ressources insoupçonnées

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Au fil des milles, les skippers, même les moins aguerris, ont peu à peu réussi à faire corps avec leur bateau, en anticipant chacun de ses mouvements selon la force et la forme des vagues rencontrées, en acceptant les travers de cette carène pataude et en exploitant la moindre des occasions pour optimiser la glisse. Si ces occasions ont été rares lors des 20 premiers jours de course, on sent poindre à l’horizon depuis quelques jours des signes encourageants. Les vitesses augmentent à l’avant comme à l’arrière de la flottille et les caps sont beaucoup plus francs. Continuer la lecture

J23 – Au milieu de nulle part entouré de silence

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Empruntée à Mathieu Martin, à bord de Lilo, cette expression traduit merveilleusement bien ce que ressentent les marins lorsque la journée se termine et que la mer se calme, octroyant ce moment de profonde plénitude à contempler cet univers et à savourer le privilège d’être là, de cette façon si particulière. Depuis leurs positions au milieu de nulle part, les marins regardent le monde dans le prisme de leurs souvenirs, un océan de pensées traverse leurs esprits tourmentés par tant d’intensité et de réflexion. Ils sont heureux d’être là, de ressentir ce que nulle autre expérience leur permettrait de vivre.

Au 23ème jour de mer, la flottille profite enfin de conditions favorables qui permettent de faire route à l’ouest sans se battre obstinément contre ces vents du nord qui ont tant compliqué ce début de traversée. Mais cette quête de l’ouest est-elle bien la solution ? Et Si Didier, le breton évadé vers le grand Sud avait raison ? A lire la carte des courants ci-dessous extraite des données globales Mercator, le doute est permis. Continuer la lecture

J20 – Tout l’océan se réveille

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Au 20ème jour de course, la flottille occupe déjà une zone de plus de 4 degrés de longitude d’Ouest en Est et près de trois de latitude du Nord au Sud, chacun confirmant les stratégies mises en place au fil des jours de navigation. L’équipe du nord poursuit sa route parallèle à l’orthodromie tandis qu’au sud, Antonio et Didier tentent le pari osé de flirter avec la zone intertropicale de convergence en profitant de son flux d’est sous un ciel voilé. Cette option pourrait se révéler judicieuse si la ZIC restait sous les latitudes actuelles d’autant que la configuration très particulière du courant sud-équatorial cette année devrait obliger la flottille à une approche plutôt par le sud si la situation devant la Guyane demeure en l’état actuel. Cela permettrait aux sudistes de naviguer l’essentiel de la traversée au portant. Le seul risque serait de voir la configuration de vents de Nord-Est rencontrée par les marins en 2012 s’établir plus tôt que prévu sur la zone, notamment à la faveur d’une descente générale de la ZIC sous l’Equateur. Continuer la lecture

Le méridien du Cap Vert en approche

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Pour Jean-Pierre, en tête, c’est déjà fait, il vient de franchir les longitudes des îles de Sal, Boa Vista et Maio qui marquent la ceinture orientale de l’archipel du Cap Vert. Demain matin, après une nuit porté par des conditions favorables, il aura probablement dépassé la grande île de Sao Tiago (Praia). Ce passage sous l’Archipel marque la réelle entrée dans la Traversée de l’Atlantique. Au-delà, c’est le grand large qui attend les skippers jusqu’aux côtes d’Amérique du Sud.

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Etonnante ZIC

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Après une courte nuit passée pour partie à ramer afin de gagner dans l’ouest, Rémy Landier (n°84) et Olivier Montiel (n°7) ont eu la surprise de trouver ce matin un ciel gris. Ils auront donc moins subi aujourd’hui cette chaleur accablante qui les assaille sans relâche depuis le départ. Excepté ce ciel changeant, la journée s’annonçait identique à la veille ; longue et interminable lutte pour tenir l’étrave du bateau vers l’ouest contre ces satanés vents du nord et cette mer croisée.

Mais c’était sans compter sur une surprise comme seul l’océan peut en offrir au détour des Alizés.

En début d’après-midi, le téléphone se mit à sonner en Ardèche. Au bout du fil, Rémy, avec sa voix des grands jours, nous annonçait que la situation qu’il était en train de vivre le laissait pour le moins perplexe. Non seulement, le vent du nord avait disparu, mais il semblait alors pouvoir adopter un cap au 300 légèrement aidé par un souffle en provenance cette fois du Sud-Est … Après vérification (voir carte ci-dessous), son cas ne semblait pas isolé, plusieurs skippers positionnés sous N 12° 30″ avaient eux aussi sérieusement redressé leur route. Continuer la lecture

Une évasion par l’ouest

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Rémy aux avirons

Photo Mathieu Morverand

Nous focalisons tous sur la position des rameurs que nous suivons plus particulièrement, c’est légitime. Mais à force, on en louperait presque la lente mais bien réelle évasion qui est en train de se jouer furtivement par l’Ouest. Il semblerait bien en effet que Jean-Pierre et Didier se fassent discrètement la belle aidés par la douce complicité des éléments qui commencent enfin à devenir des alliés pour eux. Derrière, on pourrait se dire qu’ils ont eu la chance, mais soyons plutôt francs jeux et reconnaissons que ces deux-là le méritent bien. Ils font partie de cette équipe d’évadés des toutes premières heures, et n’ont eu de cesse de lutter avec courage et détermination contre des conditions qui invitaient davantage à la déprime qu’à l’espoir. Il s’en est fallu de peu avant qu’ils ne soient ramenés vers les côtes de la Gambie ou de la Casamance, et pourtant, ils se sont accrochés vaille que vaille et ont su saisir la moindre opportunité pour grignoter de l’ouest, minute après minute. Continuer la lecture

Voir loin pour mieux comprendre

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Voilà 15 jours que nous annonçons la présence des vents des Alizés au Large et pourtant, malgré les efforts quotidiens des rameurs, on ne les sent toujours pas emportés par ce flux. A bord comme à terre, on peut alors légitimement avoir quelques difficultés à comprendre la situation. Pour bien réaliser ce qui se passe, voici ci-dessous une carte extraite du site de l’organisation avec la position des skippers relevée à 17 h sur laquelle a été ajouté le calque des vents extrait des données GRIB pour le même jour à la même heure.

Superposition de la position des skippers et des vents

Superposition de la position des skippers et des vents

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A la quête de l’Ouest

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Les données météo de type « GRIB » que nous utilisons pour fournir aux marins une information sur leur zone d’évolution sont brutes et non interprétées par des prévisionnistes. Exceptés les bulletins parcellaires disponibles en anglais pour la région comprise entre l’archipel et la péninsule du Cap Vert, les données analysées pour la zone où évoluent actuellement nos rameurs sont rares et peu étoffées. Il nous revient donc à nous d’interpréter ces données avec notre propre sensibilité et nos modestes outils. Toutefois, si l’on a pu pécher par excès d’optimisme à la veille du départ, convaincus que tout le monde allait partir sans encombre, nous ne nous sommes pas trop égarés ensuite dans les méandres de ce climat tourmenté. Les informations que nous avons distillées aux skippers jusqu’alors se sont révélées exactes, et nous n’avons pas transmis que des bonnes nouvelles …. Malgré tout , plusieurs paramètres nous échappent encore complètement : d’une part, le caractère très instable des vents pouvant forcir ou mollir dans la même heure sans que cela ne soit annoncé, et d’autre part, l’état de la mer sur une position exacte. Nous disposons bien de la hauteur de houle moyenne sur de vastes zones, mais pas sur une position précise. Le fait de suivre deux marins simultanément nous a révélé que l’on peut trouver à des distances très proches –de l’ordre de quelques milles seulement parfois – des conditions de mer sensiblement différentes. Cela s’explique notamment par ces courants qui tournoient dans toutes les directions, rarement dans le même sens que le vent. Difficile dans ces conditions de fournir aux skippers la réponse qu’ils attendent, à savoir quelle mer ils vont précisément trouver devant leur étrave. Peut-être les évolutions technologiques à venir offriront elles aux marins des futures éditions de tels outils pour une lecture fine et très localisée. Continuer la lecture

Brassés par les eaux

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Photo Mathieu Morverand

Photo Mathieu Morverand

Depuis quelques jours à présent, le vent est orienté au Nord, s’égarant parfois dans le secteur Ouest, beaucoup plus furtivement malheureusement de l’autre côté. Dès l’aurore, les conditions se sont apaisées. On aurait pu penser que les skippers s’en soient réjoui mais c’est en fait tout le contraire qui s’est produit. En effet, lorsque le vent est suffisamment établi (au-delà de 8 nœuds au moins), il génère une houle franche qui limite les effets du courant. Dans la situation actuelle, le courant remonte du sud et suit un cap vers le nord-ouest, c’est-à-dire aux trois quarts de face au vent, ce qui entraîne une mer croisée insupportable où il est bien difficile de déterminer d’où viennent les vagues (voir carte ci-dessous avec vents et courants superposés). Le bateau est systématiquement arrêté par les vagues et ne parvient pas à conserver son erre, ce qui oblige les rameurs à le relancer en permanence au prix d’efforts très physiques pour un faible rendement. Si le vent continuait ainsi de mollir, les skippers pourraient espérer une mer calme, mais la houle résiduelle est tenace et reste entretenue par ce qui se passe au nord avec des vents plus forts. Inutile donc d’espérer une mer d’huile. Continuer la lecture

En route vers l’ouest

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

RameDu Large, on commence à percevoir dans le lointain des complaintes de rameurs à l’égard de leurs routeurs : trop durs, trop exigeants, … C’est vrai, nous le sommes mais nous voyons ce qui se passe et sommes conscients que la moindre opportunité dans cette situation doit être impérativement saisie. Le moindre souffle du secteur Est constitue un véritable don d’Éole qu’il ne faut pas laisser passer, il faut s’en saisir et en profiter à tout prix pour avancer et regagner enfin ces fameux Alizés qui passent devant notre étrave à quelques portées d’avirons seulement sans que nous n’ayons jamais pu jusqu’alors les attraper. Continuer la lecture