Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
Comme Olivier Bernard, Rémy Landier (n°84) et Olivier Montiel (n°7) sont confrontés à quelques difficultés matérielles. Si le premier rencontre un problème de charge insuffisante de ses batteries qui risque de le contraindre à produire son eau douce de façon manuelle, le second connaît un souci désagréable de perte de qualité de réception de son téléphone satellite sans en connaître la cause. Cette situation l’empêche de recevoir clairement les informations météo ou de tenir des vacations intelligibles. Même si cette défaillance que l’on espère momentanée ne compromet pas le déroulement de sa traversée, cela constitue une tracasserie supplémentaire à gérer. De son côté, Olivier Montiel a brillamment résolu sa panne électrique par une réparation de fortune mais il semble à présent qu’il ait des ennuis pour recevoir ses messages.
A l’arrière de la course, les jours ne se ressemblent plus et la mer est enfin devenue conciliante. Cette analyse réjouissante est celle de Gérard Marie qui atteste là de son entrée effective dans ce grand flux qui le conduira comme tous les autres vers la Guyane. A la force d’une détermination qui force l’admiration, il a fini par y arriver à son tour. Toute la flottille est désormais libérée des côtes africaines et fermement engagée dans la traversée au large portée par les Alizés ou en tout cas ce qui y ressemble de plus en plus.
425 milles (787 km) plus à l’ouest, Jean Pierre Lassarié mène la course en tête depuis maintenant une quinzaine de jours et devrait bientôt trouver des vents orientés à l’Est, ce qui lui autorisera des options de caps sur un secteur de quasiment 90° d’angle devant lui, ce qui est particulièrement confortable. Au moment du départ, on aurait pu penser que ces vents d’Est qui étaient déjà présents sur zone ne seraient qu’éphémères et bientôt remplacés par les traditionnels vents de Nord-Est qui dominent généralement à cette période (cf. Pilot Charts). Il n’en est rien et ces vents d’Est sont toujours là. Espérons simplement que cette situation ne soit facétieuse au point de se dérober au-devant des étraves de nos rameurs, ce qui aurait légitimement le don de les agacer, et ceux qui les suivent en même temps.
Avec humilité, Jean-Pierre gère son avance sur Antonio, son poursuivant le plus immédiat (66 milles ce soir) et se dit maintenant « conditionné pour la deuxième mi-temps ». Malgré sa position de leader, il trouve le temps de pêcher la dorade, de la cuisiner et de la consommer séchée ou à la japonaise, une façon de compenser la probable pénurie de nourriture vers la fin de course. Les réserves de vivres embarquées avaient en effet été calculées sur la durée moyenne des précédentes éditions, soit environ 40 jours pour les plus optimistes, 50 pour les autres, mais certainement pas 60 ou plus comme cela risque pourtant d’être le cas. Du côté de l’organisation, on estime une arrivée du premier rameur un peu avant le 10 décembre, Jean-Pierre pense de son côté qu’il lui faudra encore 4 à 5 semaines avant de couper la ligne d’arrivée devant les îles du Salut. Dans tous les cas, on se rapproche d’une hypothèse à deux mois. Cela signifie-t-il que les skippers devront tous se mettre à pêcher pour terminer leur traversée ? La réponse dépendra évidemment du stock embarqué au départ et bien entendu du temps passé en mer. Certains sont même prévoyants et anticipent déjà leur repas de noël … lyophilisé.
Malgré cette inquiétude et les premières ruptures de stock, la philosophie générale est bien meilleure que celle des semaines précédentes à l’image des deux féminines de l’aventure qui font toutes les deux une remarquable course. Au nord, Salomé relate une étonnante relation à l’espace et au temps, ne raisonnant plus qu’en degrés, minutes et secondes au milieu de ce vaste univers aux formes changeantes. Au sud, Catherine nous révèle que pour elle, tout est « calé comme à la maison », ce qui témoigne d’une parfaite harmonie avec les éléments et avec son bateau. Richard lui se régale de ses premières « grandes vacances » dans une tranquillité absolue sans aucun voisin. Seule une bière fraîche lui fait défaut pour être totalement heureux. Mathieu et Gérard savourent maintenant le plaisir de meilleures conditions de mer et n’ont plus maintenant que des choses toutes simples dans la tête, ce qu’ils apprécient particulièrement. Non loin, Patrice Maciel a lui aussi renoué avec un bon rythme qui le réjouit tout comme Didier qui, à la faveur d’un changement d’avirons, a repris de plus belle sa quête du grand sud vers le courant sud équatorial. De leurs côtés, Rémy et Patrice Charlet alias Mc Coy ont retrouvé le moral et sont plus déterminés que jamais à remonter dans le classement. Enfin, Philippe semble tellement serein qu’il annonce le temps d’une vacation sa position au sud des … Açores. Il est vrai que la traversée est à présent tellement bien engagée que nous ne sommes plus à un archipel près, l’important reste surtout de l’avoir dépassé !
Nous leur souhaitons à tous, quels que soient leurs motivations ou leurs sentiments, de continuer ainsi à vivre pleinement leur aventure physique et intérieure et de profiter à fond de cette tranche de vie aussi unique qu’éphémère dans l’existence.
Cher Remy,
Courage! Tu vas y arriver !
Tu seras arrivé avant qu on aura dit ouf!
Avec maman on suit ta course et nous pensons a toi!
A bientôt cher Remy!
Signé : valentin
Rémy, salut,
Je ne sais si ton routeur te l’as dit mais hier, samedi, à 12h 28′ et 30″ tu as passé le cap de 500 milles nautiques, mesurés en ligne droite depuis dakar: j’ai fait ce petit calcul à partir de la carte fourni quotidiennement par « la dartographie en temps réel » fournie par Rames Guyane (c’est ma déformation professionnelle qui me poursuit….)
Nous ne te suivons heure après heure,
Courage
Claude
Allez courage remy
Te focalises pas trop sur des incidents qui pourraient te retirer ton optimisme
Martine et Philippe
REMY c’est avec beaucoup d’admiration que nous te suivons, même s’il
est bien difficile pour nous d’imaginer ce que tu peux vivre au quotidien!
Surtout pour moi,quand je pense que dans un » DINGHY »sur le plan d’eau d’Apt j’ai la trouille, j’ai un peu honte!
Une bise (du plancher des vaches)
Danièle,
et Jean-Louis
Nous te suivons chaque jour, et chaque jour nous t’admirons. Que Neptune et Eole te soient favorables jusqu’au bout !