Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
Sans rien se dire entre eux, plusieurs skippers au mouillage devant les côtes du Cap Vert, certains sous les Almadies, d’autres au Cap Manuel, ont levé l’ancre ce matin avant l’aurore sur une mer calme avec l’espoir que cette fois soit la bonne. Naviguant bord à bord, ils ont rapidement observé un cap au 240°, ce qui est très correct. Leur objectif est désormais de gagner le plus possible vers le Large où les conditions sont plus favorables avant que l’arrivée du flux d’ouest annoncé ne vienne compromettre leur projet de route.
Ce phénomène dépressionnaire est très proche et couvre une surface relativement modeste, assez grande malgré tout pour concerner toute la zone comme en atteste le document très clair fourni par Philippe où l’on voit nettement les masses d’air en mouvement (merci Philippe !).
Plus ils parviendront à gagner rapidement vers le Large, plus l’influence de ce flux d’ouest sera faible. Par ailleurs, les courants favorables sont plus forts au large. La route de Jean-Pierre Lasalarié, un autre skipper qui mène la course à une vitesse du double de celle de ses poursuivants trahit sans doute sa présence dans la zone où les conditions deviennent favorables. Rémy et Olivier se trouvent à 40 milles nautiques (un peu plus de 70 km) derrière Jean-Pierre.
Une situation nerveusement difficile
Sur la table devant les cartes et l’écran, nous sommes Marco (Marc Chailan) et moi confrontés à ce curieux sentiment, prisonniers de nos propres souvenirs du large qui stimulent nos sens à un degré que nous ne soupçonnions pas. Les nuits sont courtes et le sommeil léger, le café coule à flot. En fermant les yeux, nous ressentons physiquement ce qu’ils vivent, notre oreille interne nous rappelle avec une étonnante précision les mouvements du bateau, le bruit de l’eau qui glisse sous la coque, nos mains se souviennent de la pression exercée sur les avirons ou la pagaie et plus encore, nos pensées sont durablement marquées par cette incertitude permanente du proche avenir et cette relation si ambigüe avec les éléments. Nulle autre expérience ne confère une telle importance aux nuages et au sens du vent. Ces formes desquelles notre vie moderne nous a profondément éloignées se rappellent brutalement à notre considération. Tous nos sens sont en éveil, nous sommes de corps et d’esprit à bord avec eux, seule la température qu’ils subissent nous est étrangère. Depuis les rives de l’Ardèche, balayée aujourd’hui par l’air frais d’un fort Mistral, nous nous plaisons à espérer que celui-ci soit assez puissant pour pousser tout ce système perturbé vers le sud. Après tout, on peut encore y croire, l’optimisme ne fait-il pas partie des ingrédients indispensables à la réussite de tels projets ?
Les analyses météo convergent dans la même direction, la situation risque de devenir défavorable au moins jusqu’à … début novembre. L’animation le confirme.
C’est dur à lire et encore plus à observer, espérons simplement que l’intensité de ce phénomène sera suffisamment faible pour que les courants favorables prennent le dessus et emmènent nos marins au large, vers le graal auquel ils aspirent depuis maintenant plusieurs années. La route de la Guyane est là, juste devant leur étrave.
allez faut y croire! ça va le faire! courage!
Allez Remy tu vas arriver à passer ces mauvaises conditions météo.
Salut Remy,
Chaque jour nous sommes impatients de prendre de tes nouvelles. Heureux de te savoir enfin sous de meilleurs vents…nous t’embrassons bien fort.
Anne et Henri
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Que d’efforts journaliers ! Rémy, il faut garder votre cap et votre pugnacité contre dame nature finira par triompher. Soyez prudent.