Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.
Alors que la flottille semblait enfin ces jours derniers emportée à grande vitesse vers les Amériques, voilà hier que la ZIC a littéralement stoppé les rameurs dans leur élan, leur arrachant jusqu’à 30 milles sur leur progression de la veille. Ce phénomène illustré sur la carte ci-dessous a connu un épisode de poussée vers le nord et devrait s’estomper à partir de demain jeudi. La météo annonce la fin des passages de grains et des fortes pluies qui y sont associées, au moins pour le nord de la zone.
Les positions des skippers indiquées sur la carte montrent qu’ils se trouvent aujourd’hui au cœur de la zone humide. Si une averse occasionnelle offre l’opportunité d’une bonne douche ou de pouvoir récolter de l’eau douce pour compléter celle du dessalinisateur, cela devient après plusieurs jours de pluie une gêne à la progression et les rameurs commencent à languir le retour du soleil. Cette obscurité constitue également un souci pour la recharge des batteries à l’aide des panneaux solaires comme le souligne Gérard Marie qui économise au maximum l’énergie à bord, éteignant tous ses instruments excepté le radar AIS de prévention des collisions. Certes une légère amélioration se profile pour les rameurs du Nord mais la zone du courant sud-équatorial est coiffée par une épaisse couche de nuages depuis maintenant plusieurs semaines. Aussi loin que puissent voir les prévisions météorologiques dont nous disposons, on ne distingue aucune franche éclaircie à venir sur ces zones. Il est donc probable qu’une grande partie du chemin qui reste à parcourir jusqu’à la Guyane devra se faire dans une ambiance humide et sous un ciel globalement gris.
Ces aléas de l’Atlantique et de cette zone tourmentée malmènent le moral des rameurs même si tous font preuve d’une remarquable aptitude à surmonter une à une les épreuves qui jalonnent leur longue route. A l’image de Salomé et de Laurent qui admettent que leur sort au nord reste plus enviable que celui de leurs collègues du sud, les conditions semblent avoir été un peu meilleures aujourd’hui et les skippers ont bien mieux progressé, ce que confirme les données relevées par Pierre Verdu à la mi-période. Il est possible que l’on renoue aux avants postes avec de très belles progressions. Après avoir franchi la moitié du parcours il y a deux jours, Jean-Pierre est désormais passé sous les 1000 milles de l’arrivée, tous les symboles qui nous rapprochent de la Guyane sont bons à prendre.
Olivier profite de cette pluie pour se rincer la peau et éliminer ce sel omniprésent qui l’irrite. Son quotidien reste difficile et exige une vigilance de chaque instant mais notre ardéchois garde le moral d’autant plus que ses douleurs à l’omoplate ont quasiment disparu et qu’il sent de mieux en mieux son bateau. Ce soir, il passe le 30ème méridien. De son côté, Rémy a repris une bonne vitesse, dépassant fréquemment les 2 nœuds même s’il peine encore un peu à conserver sur la durée une trajectoire rectiligne. Nul doute qu’il y parviendra très vite mais l’état de la mer ne facilite pas la tâche. Comme les autres skippers, ils ont retrouvé ce soir des vents de Nord-Est stables, signe du retour des Alizés après ce passage tourmenté de la ZIC.